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Pôle Emploi sur la sellette : question de mission ?

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Le rapport de la Cour des Comptes fustige Pôle Emploi sur la base de chiffres incertains. Mais surtout, elle ne traite pas du sujet de fond : quelle est la véritable mission d’un service public de l’emploi à l’heure du numérique privé ?

Le rapport de la Cour des Comptes fustige Pôle Emploi sur la base de chiffres incertains.

A force de mettre la vie en chiffres, on finit par perdre l’essentiel. Le récent rapport de la Cour des Comptes sur l’efficacité de Pôle Emploi en est une belle illustration. Sur la base des fonds alloués à l’opérateur de service public (5 milliards d’euros de budget annuel toutes ressources confondues), la Cour dissèque les résultats obtenus par l’opérateur en matière de placement des chômeurs. Or la Cour reconnaît elle-même que « Pôle emploi manque d’informations sur les raisons pour lesquelles les demandeurs d’emploi sortent de ses listes, ce qui pose un problème de fiabilité de la détermination du nombre de reprises d’emploi ». Elle fustige néanmoins l’opérateur pour son manque d’efficacité.

Au cœur du débat posé par la Cour, réside la notion d’intermédiation, c’est-à-dire de mise en relation entre le besoin d’une entreprise et les candidats adéquats. Plus précisément, on reproche aux conseillers Pôle emploi de passer moins de 10% de leur temps à démarcher et conseiller les entreprises en quête de nouvelles recrues. Et donc, en creux, de passer trop de temps à accompagner les chômeurs.

Mais il n’a pas échappé à la Cour que ces « mauvais » résultats se sont aggravés depuis 2009. Une date fatidique qui marque à la fois le début de la crise et de la fusion entre ANPE et Assedic, ainsi que le développement de l’activité de recrutement des agences d’intérim. Sans oublier le déferlement des sites privés d’offres d’emploi et des réseaux sociaux qui ont drainé un part de plus en plus importante des offres d’emploi. Ainsi, depuis quelques années, « le fonctionnement du marché du travail a connu des mutations profondes, avec le développement de nouveaux usages numériques », note tout de même Didier Migaud, Premier président de la Cour des Comptes. Des usages numériques fondés sur des services privés dont les clients sont les entreprises et non les candidats.

Pas question pour autant d’occulter les carences de Pôle Emploi qui peine à mettre en œuvre sa stratégie. Si les milliers de conseillers recrutés et formés à la hâte au moment de la crise peuvent être pointés du doigt, on ne peut pas non plus traiter sérieusement du sujet sans remettre sur la table la définition même de la mission du service public de l’emploi. Une question que pose la Cour : « En définitive, la question qui est posée est celle du contenu attendu du service public de l’emploi et de l’articulation entre ses différents acteurs (Pôle emploi, cotraitants, sous-traitants) », qui ne remet pourtant pas en cause la mission assignée à l’opérateur par la loi. Comme si les opérateurs privés et numériques n’existaient pas.

Corinne Zerbib

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